11 mai 2013

Avec No more Natalie, Marin Ledun s'offre Hollywood à boulets rouges

Natalie Wood, star mythique du cinéma américain, héroïne de West Side Story, partenaire de Warren Beatty dans La Fièvre dans le sang de Kazan, de James Dean dans La fureur de vivre de Nicholas Ray... Morte noyée en 1981, à l'âge de 43 ans, dans de très troubles circonstances alors qu'elle était à bord du yacht de Robert Wagner, son mari (épousé 2 fois) en compagnie de Christopher Walken. Natalie Wood donc présente toutes les caractéristiques propices à la naissance d'un mythe. Belle, à la fois sensuelle et fragile, innocente et perverse, on comprend qu'elle suscite chez un auteur le désir d'aller plus loin, de connaître la vérité sur cette mort absurde, et, plus largement, de faire un peu de lumière sur les milieux hollywoodiens qui font rêver les midinettes. Marin Ledun s'est jeté tête la première dans cette entreprise, qu'il mène à bien dans les soixante pages de cette novella où il se met dans la peau de Robert Wagner, comédien en perte de vitesse obligé, pour maintenir un niveau de vie à la hauteur de ses ambitions et des besoins de Natalie, de tremper jusqu'au cou dans des trafics de drogue, avec la complicité de Christopher Walken, présenté ici sous un jour édifiant, qui révoltera sans aucun doute les nombreux fans de l'acteur.
Robert Wagner raconte donc la soirée de Thanksgiving 1981, que Walken a suggéré de passer sur le yacht de Wagner, le Splendour. Champagne, Natalie en robe rouge particulièrement indécente et lunettes noires... Et puis, à bord, dix kilos de coke et la bagatelle de 250 000 dollars, la recette du mois. Wagner, jaloux comme un pou de l'Oscar remporté par Walken pour son rôle dans Voyage au bout de la nuit, conscient du fait que sa carrière à lui bat sérieusement de l'aile malgré le succès populaire de la série Pour l'amour du risque, bref conscient qu'il ne joue plus dans la même cour, avec son physique d'Américain replet pur jus qui vieillit mal. Wagner, jaloux aussi de tous ceux qui couchent avec Natalie, Walken le premier, alors que lui-même n'y arrive plus... Bref, on peut difficilement imaginer ambiance plus glauque. A bord également, l'ancien flic déchu Davern, dévoué corps et âme à Wagner... jusqu'à un certain point. La soirée, prévisiblement, part dans tous les sens... Et se terminera par la tragédie que l'on connaît, à laquelle Marin Ledun donne une réalité saisissante et particulièrement dramatique.

Je n'ai pas pu m'empêcher de me faire la réflexion que de nombreux lecteurs se feront sans doute à la lecture de ce récit particulièrement implacable. Marin Ledun écrit là l'histoire de personnages vivants, bien réels, nommés. Les dépeint sous un jour franchement épouvantable. Raconte l'histoire que ces hommes persistent à nier plus de trente ans plus tard. En janvier 2013 encore, malgré des témoignages troublants, la nouvelle enquête confirmait la première et refermait le dossier. L'auteur fait donc preuve d'un courage certain, voire s'expose aux foudres des protagonistes, rendant ainsi un hommage particulièrement émouvant à Natalie. Farewell Natalie...

Marin Ledun, No more Natalie, in8 éditions, collection Polaroïd

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